Quantcast
Channel: ennemi intérieur – Les Chroniques d'Anacréon
Viewing all articles
Browse latest Browse all 4

Les Khmers Roses, François Devoucoux du Buysson, 2003 1ere Partie sur 2

$
0
0

« Parfois, le chemin est dur » disait Pierre Mortez dans le Père Noêl est une Ordure. Comme il avait raison l’homme au tricot ! Parfois, au détour d’un même pas cap’ de lire ça, on tombe sur de l’essence d’énervement, de la névrose sur papier, du stylo trempé dans le venin, de la haine ordinaire. D’habitude, ça me fait rigoler de lire des phrases rageuses, je trouve ça rassurant qu’il y ait des gens en colère et, le plus souvent, avec un peu de second degré, c’est drôle. Mais là, avec les Khmers roses de Francois Devoucoux du Buysson, je n’ai pas rit une seconde, je n’ai pas même pouffé dans ma moustache, à peine une commissure de lèvre qui se soulève de mépris par moment et encore, Hannah Montana jouait à la télé. Pourtant, il est colère. Houla, ça, il n’est pas content le Francois.

Donc vous l’aurez compris, aujourd’hui je voudrais vous parler d’un bouquin antigay, terriblement méprisant et qui m’a profondément agacé. Oui, les Khmers roses, c’est une référence aux guérilleros cambodgiens (les Khmers rouges) qui martyrisèrent le pays pendant plus de vingt ans et assassinèrent presque deux millions de personnes pour ceux qui ont séché les cours de gymnastique acrobatique au secondaire (ou au collège si vous êtes plus hachis parmentier que pâté chinois). Renseignez vous, ça fout la trouille. Les Khmers roses seraient donc ces penseurs de la théorie gay qui parlent d’homophobie, de genre et de culture gay.

Laissez-moi vous dire que le reste du livre est aussi subtil que son titre : on réfléchit au lance-flamme, on généralise à tour de bras, on schématise, on réduit le complexe à la dualité, bref c’est agaçant et il faut être un fan de mauvaise foi pour ne pas avoir la pression artérielle à 250. En le lisant, j’entendais mes tempes battre…

Beaucoup de choses sont abordées dans ce livre, et il serait certainement ennuyeux pour vous, comme pour moi, de vous en faire un compte rendu exhaustif, mais globalement le livre tend à démontrer deux choses : l’inanité du discours gay et la logique d’oppression du mouvement homosexuelle sur la majorité.

1. L’état français en état de siège

Pour démontrer l’inconsistance des revendications des mouvements gays, Devoucoux met en avant l’idée qu’il y a une transposition illégitime du droit à l’indifférence vers un droit à la différence.

Sur la question de l’homosexualité, Bertrand Delanoë n’est pas sur la ligne directrice du « droit à l’indifférence » que prônait dans les années 1970 l’auteur Jean-Louis Bory, mais affiche au contraire une conception nettement différentialiste. […] Il livre à cette occasion sa vision d’une société qui se définit davantage par les différences des individus qui la composent que par son unité fondée sur l’égalité républicaine. (Page 90)

L’idée que les revendications identitaires homosexuelles vont à l’encontre des valeurs qui fondent la société française revient tout au long du livre sous différentes formes : que ça soit l’anglicisation du vocabulaire des homosexuels (p 109), la création d’un nationalisme gay (107 et 93) ou les références directes aux théories américaines (p 65), le livre veut mettre en évidence que le mouvement homosexuel ne peut fonctionner avec l’universalisme français et qu’il créé une césure artificielle entre les citoyens. Césure qui prend des accents de séparatisme :

Ce nirvana existe déjà, à titre expérimental dans cette mise en quarantaine volontaire que symbolise notamment le quartier parisien du Marais. C’est là que les homosexuels peuvent avoir un avant-goût du monde meilleur qu’ils sont invités à bâtir ensemble, entre eux et où ils pourront enfin être visibles. Mais la vie en rose […] contient aussi son lot de nasses comme le déversement de ces cultures gays et lesbiennes fabriquées à la hâte pour un public inculte et qui s’avèrent oppressantes pour les homosexuels qui n’ont pas renoncé à cette fenêtre sur l’universel qu’est la culture […]. (page 70).

Séparatisme géographique donc, avec ce quartier parisien délimité où les hétéros n’ont pas le droit de cité, et séparatisme culturel avec ce rejet de la « culture », sous entendue française bien entendu, troquée pour « la légèreté transpirant des fêtes à répétitions qui rythment la vie des gays ». On n’est plus chez nous ! Entendez-vous dans nos campagnes, mugir ces féroces soldats ? Hein ? Les loups sont entrés dans Paris !

2. Logique d’oppression du mouvement homosexuel

Donc les homosexuels sont des antiFrançais. La chose est claire. Mais tout ça n’est rien, car, par-derrière (si vous me passez l’expression), en tapinois, des intellectuels (les fameux Khmers roses) programment la chute de nos douces valeurs françaises, celle là même que le Général nous a léguées à la libération.

Devoucoux développe l’idée d’un projet l’échelle nationale d’endoctrinement de la population.

[..] les Khmers roses ont largement entamé leur entreprise de rééducation des esprits et de manipulation des faits historiques ou scientifiques afin de constituer un terreau favorable à leur discours délirant. […]Malgré la pauvreté de leur apport théorique aux sciences humaines, les idéologues de la cause homosexuelle ont dès lors tout le loisir de débiter des slogans qu’ils puisent dans les gay and lesbian studies […]. (page 64)

Tout y passe, de la question de la génétique de l’homosexualité, à l’ouverture du Centre d’Archive et de la Documentation Homosexuelle de Paris (CADHP) en passant par les lois anti discrimination et le PACS, tout est analysé sous l’angle de la propagande progay. Bref, les homos sont partout et finiront par prendre le pouvoir !

Le livre se termine sur cette phrase sans appel :

Par leur incapacité à se projeter dans le temps et leur tendance à exalter l’instant présent, les gays sont appelés à devenir les seigneurs d’une époque qui est incapable de penser l’avenir. Et c’est peut-être là que réside le principal danger pour les homosexuels, dans le fait que leur célébration permanente en tant qu’aristocratie d’un monde moribond favorise à terme l’émergence de l’hostilité que suscitent inévitablement les seigneurs chez les sans-grades. Que l’arrogance des minorités ne finisse par exaspérer la majorité des gens qui n’appartiennent à aucune minorité. En somme que l’on aboutisse à l’émergence d’une véritable homophobie. (Page 138).

Bon ben la messe est dite : si vous continuez à jouer les gays, on va finir par vous caillasser à la bouteille de gaz, on aura bien raison et nos matins chanteront enfin.

Globalement, et la chose est rare, ce n’est pas un livre dont je recommande la lecture. C’est très énervant, et, au lieu d’éclaircir les choses, de faire valoir un point de vue franc et honnête, on navigue plutôt dans le douteux. Cependant, ça reste un excellent livre pour exercer ce que vous aurez retenu du Petit Traité d’Autodéfense Intellectuelle de l’excellent Normand Baillargeon ou de L’Art d’avoir toujours Raison de notre pote Schopenhauer !


Viewing all articles
Browse latest Browse all 4

Latest Images

Trending Articles





Latest Images